Les deux dernières semaines ont été rythmées par des rencontres et des échanges passionnants pour un premier contact entre les artistes et les élèves qui participeront à la MiAA ( mission d’ appui artistique ) cette année. Ce sont Michaela Piklova et Muriel Cocquet qui seront aux commandes des projets. Chacune encadrera 8 projets qui aboutiront à une restitution finale le mardi 16 avril au Grand Bleu. Elles investiront donc 16 établissements scolaires de la métropole lilloise qui ont une classe UPE2A accueillant les élèves allophones, afin de dialoguer et créer ensemble. A la suite de ces projets, elles croiseront leurs univers et leurs idées et réaliseront 3 projets auprès de 3 autres classes qui bénéficieront donc de la présence des deux artistes.
Quelques mots de Michaela Piklova
Mon parcours a débuté en 2009 chez D. S. STUDIO à Košice en Slovaquie. C’est là que j’ai commencé ma formation en danse, explorant tous les styles du hip-hop (house, lock, pop, etc.). Très rapidement, j’ai eu l’opportunité de me produire sur des scènes internationales à travers le monde, de Dubaï au Bahreïn, en passant par le Qatar, la Thaïlande, l’Azerbaïdjan, voire même l’Arabie Saoudite. J’ai toujours ressenti une profonde sensibilité envers les cultures africaines, ce qui m’a conduit à me spécialiser dans les styles de danses afro-urbaines tels que l’Afrohouse, les Afrobeats, l’Azonto, le Coupé Décalé, le Ndombolo, le Bhenga ou l’Amapiano.
En 2016, j’ai décidé de quitter la Slovaquie pour m’installer en France. Mon objectif était de perfectionner ma danse et surtout d’améliorer mes compétences en langue française. J’ai eu l’opportunité d’être au contact du chorégraphe Sylvain Groud et de participer à la création de « Version Originale » au CCN de Roubaix. Par la suite, j’ai eu la chance de rencontrer le chorégraphe Brahim Bouchelaghem, qui m’a permis de participer activement à la transmission de mes connaissances à la nouvelle génération. En 2019, j’ai intégré en tant qu’interprète le projet de création internationale « Haruspex » aux Pays-Bas, sous la direction artistique de Louis Clément Da Costa. La musicienne Sannety a apporté une dimension hors du commun à ce projet en faisant exprimer sa musique par les corps humains. Fortes de mes voyages et de mes expériences, j’ai décidé de créer ma propre compagnie, MI’VYBZ, avec pour objectif de promouvoir l’énergie des danses afro et hip-hop et de contribuer au développement personnel et l’amélioration des compétences linguistiques. En 2020, j’ai été repérée par l’artiste portugaise « Pongo », reconnue comme la reine du kuduro, et j’ai eu l’honneur de l’accompagner lors de sa tournée européenne. En 2021, j’ai été sélectionnée par l’Opéra de Lille pour participer au projet immersif et pluridisciplinaire « Parcours dansés » autour de l’œuvre de Boris Charmatz. En 2022, j’ai créé mon propre solo, intitulé « VÝZNAM », qui explore la thématique de la traduction dansée, en associant des langues étrangères à des styles de danse puissants tels que le Hip-Hop, la House, l’Afrohouse, l’Amapiano, le Krump ou le Voguing. J’ai également participé au projet « Mandala » de la compagnie Burn Out, sous la direction artistique de Jann Gallois. Parallèlement, je continue à me perfectionner dans la danse contemporaine aux côtés de Johana Malédon dans sa création « PNEE ». Au cours de ces dernières années, j’ai également eu le privilège d’intervenir sur de nombreux projets et actions culturelles avec la jeunesse, en particulier avec les allophones (l’Institut pour la Photographie, les collèges, etc.).
Comme je le dis toujours : « Enjoy The Movement ».
Quelques mots de Muriel Cocquet
Formée au conservatoire royal de Liège, j’ai été dix ans metteuse en scène et directrice artistique de La Lune qui gronde. J’ai mené, par exemple, un long travail de création participative avec de jeunes amateurs dans l’espace public, PARKLANDS. Comédienne, j’ai travaillé en Belgique et en France et je joue cette saison dans un spectacle jeune public, Arlequin ou la première graine, mis en scène par Marine Bachelot Nguyen et produit par le Grand Bleu, et dans La Validation, écrit et mis en scène par Antoine Lemaire de la compagnie Thec. J’écris. En ce moment, je relis avec l’éditeur belge, Emile Lansman, les dernières versions du Splendide Hôtel qui paraîtra bientôt. J’ai enseigné l’allemand, le théâtre, l’écriture. J’ai également accompagné des étudiant.e.s dans leurs projets de fin d’étude à l’université de Lille. Ces dernières années, mes objets de travail sont l’occupation de l’espace public ainsi que les questions de justice sociale et climatique.
En 2022, dans le cadre d’un temps fort que j’organisais à la Verrière sur l’urgence climatique, un collègue m’a mise en relation avec la collective Dasovas, collective de femmes Voyageuses de l’aire d’accueil d’Hellemmes Ronchin. Elles m’ont invitée à lire Où sont les gens du voyage ? de William Acker et m’ont sensibilisée à la question du rapport des gens du voyage à l’espace urbain. En tant que bénévole à la Croix-Rouge, je rencontre beaucoup de personnes allophones que j’oriente si besoin vers d’autres associations de la MEL, à l’aide de cartes et d’internet… Toutes ces rencontres et ces réflexions partagées, mon intérêt en général pour les questions d’urbanisme, d’accès aux droits et à la culture, ont orienté ma candidature.