Ce lundi 18 mars à 18h30, le deuxième « Curieux apéro » de la saison a eu lieu autour de la thématique : Culture du sport, sport dans la culture ! Julie Casier, professeure missionnée, et Suzanne Gellée, comédienne et metteuse en scène de La Collective Ces Filles-là, étaient avec nous pour partager et échanger des pistes de réflexions afin de mieux aborder certains spectacles de notre programmation.
Présentation de 3 spectacles qui auront lieu pendant notre festival Youth is Great #9 !
Starting-block : un match-spectacle en quadri frontal qui se tiendra dans le gymnase Florence Arthaud à Lille. Une énergie incroyable portée par La Collective Ces Filles-là. Elles inventent leurs propres règles face à leur ennemi commun, qui deviendra celui de tous·tes les supporteur·rices : le patriarcat.
Lames : un spectacle de La Vague Régulière se focalisant sur le parcours d’une jeune fille qui souhaite devenir patineuse artistique professionnelle. Mais voyant son corps changer, des questions arrivent, des doutes émergent et l’emprise arrive petit à petit dans sa vie.
Rendez-vous le jeudi 11 avril à 19h au Grand Bleu pour découvrir ce spectacle avec une restauration proposée par le Lycée Hôtelier International de Lille et une rencontre avec l’équipe artistique à la fin de la représentation !
Soli Mania : une création sportive de la compagnie LOBA et de la compagnie La Grive qui met sur le devant de la scène 4 sportifs et sportives qui ont inspiré et porté, peut-être que vous aussi, les artistes de ces compagnies. Au complexe sportif Micheline Ostermeyer, venez parcourir ces histoires et plonger dans le monde des sportifs·ves !
Rendez-vous le mardi 16 avril à 19h au complexe sportif Micheline Ostermeyer à Lille pour découvrir ce spectacle !
Informations et billetterie au 03 20 09 88 44 ou par mail à billetterie@legrandbleu.com
Le travail sur la thématique du sport dans la culture
Le point commun entre ces trois spectacles : ils parlent du sport. Pourquoi cette thématique et qu’est-ce que cela implique de travailler sur le sport quand on est professionnel·le de la culture ?
Suzanne Gellée nous a parlé du besoin et du sentiment de faire équipe et aussi de cette sororité qui s’installe dans ces moments-là. Pour elle, le sport est un sujet qui parle à tout le monde. On peut raconter des histoires de victoire, quelles qu’elles soient. On peut choisir de visibiliser des pratiques, des sports, des sportives, des avancées, mais aussi de s’interroger sur les travers binaire de la société.
Créer un spectacle peut provenir d’un intérêt ou d’une envie personnelle et par le biais de rencontre, cela peut prendre la forme d’une création collective. Suzanne nous a raconté que dans La Collective Ces Filles-là, pour créer du collectif dans leurs envies personnelles, elles ont ensemble appris et été coachées notamment en Double Dutch.
Le Double Dutch ?
Le Double Dutch est un sport de saut à la corde avec ses règles et ses championnats. Ce sport a été inventé aux États-Unis, plus précisément à New York, par des enfants d’immigré·es hollandais·es. D’où le nom Dutch qui signifie Néerlandais en anglais. Et dans les années 1970, cette discipline s’est développée dans le quartier du Bronx.
On retrouve donc de la corde à sauter traditionnelle, de la gymnastique et de la danse hip-hop dans la pratique de ce sport. Tout cela, effectué entre deux cordes qui tournent en ellipse grâce aux tourneur·euses et les sauteur·ses n’ont plus qu’à effectuer leurs figures à l’intérieur de ces cordes, seul·es ou à plusieurs !
Le Double Dutch est un sport mixte où chacun·e peut trouver sa place. C’est un sport d’équipe, ludique, dynamique, artistique qui permet à toutes et tous de se retrouver.
Le sport féminin
Très rapidement, dans les échanges, la question du sport féminin et de sa représentation est arrivée. Le point de départ, La Bataille des sexes. Ce terme a été utilisé en tennis dans les années 1970 pour désigner les matches opposant Bobby Riggs à Margaret Court puis à Billie Jean King. Il s’agissait donc de matches mixtes. Cette battle of the sexes nous a fait parler de Billie Jean King, tennis woman qui a milité pour l’égalité salariale et l’égalité des primes entre les hommes et les femmes en tennis.
Et oui, les inégalités dans le sport féminin il y en a et elles sont nombreuses, très peu mises en avant et inexpliquées. Saviez-vous que les footballeuses de l’équipe de France n’ont pas le statut de sportives de haut niveau ? Avez-vous remarqué que le prix des places pour les J.O. 2024 est plus élevé si vous souhaitez aller voir une équipe de sport masculine ?
En France, le constat est que tout simplement, il y a du retard. En effet, l’équipe féminine de football japonaise est beaucoup plus médiatisée que celle des hommes. Aux États-Unis, l’équipe féminine de soccer possède le statut de sportive de haut niveau et est médiatisée au même titre que l’équipe masculine si ce n’est plus par leur palmarès impressionnant. Du retard, oui, il y en a. Dans les équipements aussi par exemple. Des mini shorts pour l’équipe féminine de Beach Volley pour « faire plus d’audience ». Des shorts blancs pour l’équipe féminine de football, changés récemment pour plus de confort pour les sportives.
La sociologie du sport a alors pris une place avec le positionnement de ces inégalités dès l’enfance et dès l’apprentissage du sport. Suzanne nous a partagé les recherches de Nicolas Penin, sociologue professeur au STAPS de Liévin qui a écrit sur l’auto-détermination à l’école. Ce qui nous a permis ensuite de nous questionner sur la définition du sport.
Y en a-t-il une ou plusieurs ? Qu’est-ce qui est sport finalement ? C’est peut-être revenir à l’essentiel, l’aide à l’émancipation, au plaisir du sport et au bien-être plutôt qu’à la compétition. C’est aussi un lien avec la santé, le rapport au corps et à l’esprit pour toutes et tous.
L’éducation
Ce sont aussi les enseignant·es qui ont été source et richesse d’informations et d’échanges entre les personnes présentes durant cet apéro. Aussi bien sur les distinctions de genre ressenties jusqu’en classe de seconde chez les élèves en EPS, français, anglais ou SVT, mais aussi sur le simple fait de faire « bouger » les élèves. Car « dès qu’on fait bouger les élèves, on ne travaille pas ! » Un réel besoin de ne plus noter la performance, mais de développer les valeurs et les compétences de chacun et de chacune comme dans n’importe quelle autre matière a été exprimé. Des retours concrets de leurs expériences en tant qu’enseignant·es, mais aussi de nos expériences personnelles ont alors donné envie à Suzanne de nous faire participer à une activité. Si l’affirmation énoncée est vraie pour nous, alors nous avançons. Sinon, nous restons à notre place. Et très rapidement les différences entre les hommes et les femmes présentes se sont vues. Mais aussi entre les femmes présentes de générations différentes.
Et finalement, après tous ces échanges, ces réflexions, ces discussions informelles, les mots de Suzanne résument parfaitement ce début de soirée : « Les meufs aussi elles veulent gagner ! »
