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Le site minier du 9-9bis : entre culture et mémoire
  • TeeNEXTers
Le 12.07.21

Le site minier du 9-9bis : entre culture et mémoire

Au noooord, c’était l’extraction; maintenaaaant, des expositions. A l’occasion du NEXT Festival, qui se déroule entre Lille et Kortrijk du 6 au 30 novembre 2024, le site minier du 9-9bis à Oignies accueille une partie de la programmation. L’héritage historique du lieu est réinvesti et invite à se questionner sur la mémoire du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

En 1842, Henriette Leclerc fait intervenir un ouvrier dans son jardin de Oignies afin de trouver une source d’eau. L’entreprise fut fructueuse : du charbon a également été découvert. De cette trouvaille, Henriette De Clercq, seule femme à posséder un tel site, fait naître une des 35 propriétés minières de la région. Après la Seconde guerre mondiale, en 1946, les sites miniers sont rendus publics, rachetés par l’État français. Les propriétés privés tombent et les puits numéro 9 et 9bis forment un site à eux seuls.

L’apogée du 9-9bis

La fosse du carreau ouvre en 1933 et atteint son apogée en 1950, employant alors 2200 mineurs. Chaque jour, trois groupes de travailleurs se relaient dans les mines, et descendaient jusqu’à 800 mètres de profondeur. Le travail était exténuant et les conditions dangereuses. Au total, plusieurs centaines de millier d’hommes sont morts de la silicose. Du nom de la pierre « silice », cette maladie est issue de la poussière des roches présentent dans les galeries qui s’introduit dans les poumons, bloquant peu à peu la respiration. Le « coup de grisou » était un autre risque majeur, une combinaison de gaz et d’air provoquant une explosion souvent mortelle. L’espérance de vie est fixée à 15 ans dès lors qu’un ouvrier commence à travailler dans les mines. Le travail des enfants étant toléré, ces derniers étaient intégrés dès 14 ans comme « petite » main d’oeuvre pour faciliter la logistique (pousser les wagons de charbon, etc.). Quant aux femmes, elles étaient employées à trier les pierres à la sortie de la mine. Il s’agissait de différencier le charbon de la silice et du schiste, deux matières non-exploitées avec lesquelles les terrils ont pris forme.

La fin du XXe siècle : droit, salaires et immigration

Au début du XXe siècle, une forte immigration polonaise s’agrège aux ouvriers français en raison de l’envahissement allemand. L’Italie de Mussolini pousse également certains de ses hommes à migrer. Les mines donnent un emploi à ces travailleurs. On retrouve d’autres nationalités parmi les immigrés tel que des Américains et des Canadiens, restés en France depuis le D-Day. Plus tard, des Marocains et Algériens arrivent aussi dans les mines, mais sont moins bien payés. La prégnance d’un racisme décomplexé forçait une rémunération moindre. Néanmoins certains n’ont cessé de se battre pour tenter de faire exercer le métier de mineur dans des conditions un minimum décentes. Raoul Briquet, homme politique socialiste, a rendu obligatoire les pauses-déjeuner. Surnommées « le briquet », elles étaient courtes et se déroulaient dans la galerie. Les conditions de travail restent cependant très précaires et le travail éreintant. La dernière extraction a eu lieu le 20 décembre 1990, car l’activité économique n’était plus rentable pour l’État.

Entre culture et mémoire

La mairie rachète le site pour 1€ symbolique et entreprend des travaux qui s’achèvent en 2013. Entré au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012 avec l’ensemble du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, le 9-9bis est désormais un lieu culturel et de mémoire classé comme « paysage culturel évolutif ». À ce titre, l’ancien maire de Loos-en-Gohelle déclare que « l’idée que l’histoire des mineurs vaut celle des rois change tout ». Pour concevoir de la meilleure manière la réhabilitation, les pouvoirs publics ont puisé leur inspiration dans les transformations des sites historiques allemands, devenus pour la plupart des lieux culturels où la question mémorielle est toujours présente. Le site minier ouvre ses portes à la musique dans une nouvelle infrastructure : « Le Métaphone » est une salle concert construite au coeur des bâtiments d’époque il y a une dizaine d’années. Ce nouvel ensemble emploie 28 salariés qui coopèrent afin de valoriser le pan historique très bien conservé, et un accès à la culture. Le site 9-9bis est en permanente recherche d’évènements à accueillir, allant de réunions d’anciens miniers à divers concerts. Pendant la saison culturelle le lieu croise musique, spectacle et héritage. Des neuf grands évènements de l’année, le prochain est celui de la Sainte-Barbe. Il jouera avec le feu entre performance et rappel du travail minier.

Rose Andrau et Marta Roger-Germani

Ndlr : un grand merci à Félix, historien qui a partagé ses connaissances avec les TeeNEXTers lors de la visite.

Info

Infographic: Lena David & Hidde Decavele